Situé
au bord de la D81, à droite en venant de Montigny-Lengrain,
vers Vivières, ce monument est à la gloire
de Gaston de Gironde, jeune et brillant officier, tombé
en ces lieux. Lieutenant au 16ème régiment
de Dragons, commandant d'un escadron envoyé en
reconnaissance au milieu des lignes allemandes, il attaqua
dans la nuit du 10 septembre 1914 un convoi d'aéroplanes
qu'il détruisit. Avec lui, périrent le
sous-lieutenant Gaudin de Villaine et les brigadiers
Créty et Porte ainsi que les dragons Joussemet,
Livernaux, Potet, Neveux, Petit, Chaudorge, Chirroleau,
Cossenet et Dudit. Le lieutenant Gaston de Gironde est
enterré dans le cimetière de
Vivières.
L'escadron
du lieutenant de Gironde faisait partie de la 5ème
division de cavalerie qui réalisa une véritable
épopée dans les lignes allemandes du 8
au 11 septembre 1914 et dont l'exploit est salué
par un monument à Hartennes. Il était
composé des pelotons Kérillis, Gaudin
de Vilaine, de Villelume et Rollin. Ayant quitté
sa division à Villers-Hélon, le 9 septembre
à midi, cette troupe, de moins de quatre-vingt
cavaliers, s'engagea sur la route de Longpont, longea
le parc de l'abbaye de ce village, remonta la petite
vallée de Savières, vers Chaudun, avant
d'aller plus au nord. Plusieurs fois au contact de pelotons
de dragons allemands, ayant essuyé le tir de
quelques cyclistes et fantassins en bordure de forêt,
l'escadron se retrouva, à la nuit tombante, du
côté de Dommiers afin de gagner la vallée
de Valsery. Le pont de Coeuvres étant bloqué
par une barricade, la troupe traversa à gué
et se retrouva sur le plateau de Mortefontaine. De là,
elle se réfugia dans la ferme de Vaubéron
où elle apprit par un valet de ferme qu'un parc
d'avions accompagné de nombreuses automobiles
était en train de s'installer aux abords de la
râperie. Le chef d'escadron de Gironde décida
alors de donner l'assaut, malgré la fatigue des
hommes et des chevaux. Les pelotons Villelume et Kérillis
furent chargés d'attaquer, à pied, le
camp par surprise ; celui de Gaudin de Vilaine devant
poursuivre les fuyards à cheval tandis que celui
de Rollin restait en réserve. Repérés
par une sentinelle, les dragons à pied engagèrent
le combat ; une voiture prit feu, éclairant la
bataille. Les hommes de Gaudin de Vilaine, accompagnés
de Gaston de Gironde, chargèrent. Ce dernier
fut alors mortellement blessé mais il parvint
à rejoindre le sous-lieutenant Kérillis,
afin de lui donner le commandement de l'escadron, avant
de mourir. Dans la bataille, le nouveau chef se retrouva
en mauvaise posture : blessé, à terre,
il ne dut son salut qu'au sacrifice du cavalier Cossenet
qui se fit tuer pour le protéger. Les combats
s'achevèrent ensuite, les Français s'éparpillèrent
dans la nuit ; le sous-lieutenant Kérillis, sauvé
par ses hommes, fut transporté à Montigny-Lengrain,
où il fut soigné par l'abbé Saincyr
; quant au gros de la troupe, emmené par le sous-lieutenant
de Villelume, promu chef d'escadron, il s'enfuit vers
Hautefontaine.
L'aventure
n'était pas finie pour autant. Les dragons de
Kérillis, qui avaient accompagné leur
chef à Montigny-Lengrain, parvinrent à
échapper aux Allemands et à rejoindre
les avants-gardes françaises dans la matinée
du 12, tandis que leur chef, blessé, fut fait
prisonnier puis délivré grâce aux
renseignements fournis par ses hommes. Perdus au milieu
des lignes allemandes, les autres dragons ne durent
leur salut qu'en revêtant des habits civils. Quant
à leurs officiers, de Villelume et Rollin, qui
n'avaient pu se résoudre à abandonner
leur uniforme, ils se firent capturer par les Allemands
dans une carrière située à cent
mètres du village de Saint-Etienne. Les exploits
de ces hommes, et de leur division, ont été
relatés, après-guerre, dans un livre du
comte Arnauld Doria intitulé "Une incroyable odyssée
- 5ème division de cavalerie - Histoire du raid
d'une division de cavalerie pendant la Grande Guerre". |